samedi 6 août 2011

Dans le vestiaire des filles

L'entraînement se poursuit bien, j'ai du plaisir à faire mon voyagement en jogging. Si on m'avait suggéré ça à pareille date l'an dernier j'aurais eu autant de facilité à me l'imaginer qu'à faire du canot jusqu'à la Lune. 34km au programme demain, on verra bien de quel bois je me chauffe!

Ce n'est pas d'entraînement dont je veux parler aujourd'hui cependant. Je veux parler de poids, de gras, d'alimentation, d'aménorrhée, etc. Ce sont des sujets sensibles et je ne voudrais pas que quiconque se torture après m'avoir lue. Dans le doute, regardez le vidéo et passez une bonne journée en naviguant ailleurs.



J'ai mentionné ici à quelques reprises des choses sur mon poids et sur mon gras corporel, etc. J'avais pour intention de réduire ma masse grasse d'un kilo environ, deux peut-être mais faut pas charrier, d'ici le marathon. Pas pour l'apparence, mais parce que même si c'est mon premier, ça demeure une course, et ça serait illogique de ne pas chercher à améliorer toutes les caractéristiques qui peuvent m'aider à finir plus vite, autant le cardio que la masse à tirer.

Je dis "j'avais" parce que j'ai eu un petit doute. Je prends la pilule. Pas de règles ce mois-ci. Bon, on sait que ce sont de fausses règles, mais le petit papier dans l'emballage est catégorique, si pas de saignement, test de grossesse. L'entraînement n'a pourtant pas été brutal, et le test de grossesse est négatif. J'ai bien eu 2-3 jours de rétention d'eau comme si mes règles allaient se produire mais j'ai dégonflé sans que la lune d'automne ne passe dans mon ciel.

Maman de me demander : "Ça se peut que tu sois trop maigre pour les avoir? Pas que t'es maigre, juste..."

Houlà, le signal d'alarme.

J'ai une balance à bioimpédance. Bien que totalement imprécise elle a le mérite d'être toujours égale à elle-même et de m'aider à ne pas perdre de masse musculaire en réduisant ma masse totale. Prenez les pourcentages avec un gros grain de sel, les "vraies" valeurs pourraient bien être 5% plus élevées que je n'en perdrais pas une seconde de sommeil.

J'ai cependant établi ma diète en fonction de la lecture sur la balance. Ça me goinfre d'entre 1900 et 2500 calories par jour selon ce que je fais, par rapport à 2200-2800 calories pour me maintenir au même poids, 100g de protéines par jour. Rien de drastique, un peu moins de fruits et un peu plus de légumes en gros, pour environ 500g de réduction de masse par semaine en espérant que mon corps soit suffisamment convaincu que je ne crève pas de faim pour ne pas sacrifier trop de fibres musculaires.

Je prends ma multivitamine, mes suppléments du complexe B et D, j'ai normalement assez d'acides gras essentiels dans ma diète sinon j'ai une bouteille d'huile pour ça au frigo. Je bois mon thé vert et vis ma vinaigrette.

J'étais en bas de 19% de gras et très malade à cause du gluten dans ma diète l'unique autre fois ou mes hormones ont décidé de faire la grève. Mon médecin a très clairement identifié que c'était à cause du stress systémique provenant de ma malnutrition et non à cause que j'étais trop maigre. (Ce n'est pas une grosse différence, mais c'est une différence.).

Présentement ma balance me mesure autour de 19,5% et mon but était de descendre à 18,5%. Je me sens bien autrement, pas de sautes d'humeur ou de fatigue, rien. C'est mystérieux. C'est étrange. Je fouille les internets pour des réponses parce que je ne comprends pas trop et que je ne veux pas être en train de me tirer dans le pied.

...Pour finalement me rendre compte que c'est super fréquent que ça arrive à des femmes sur ma pilule contraceptive et que le petit papier dans la boîte était probablement écrit plus par un avocat qu'un médecin. C'est clair que je vais retester dans 2-3 semaines pour être certaine mais on dirait bien que tout mon freaking out était inutile. Sauf que!

La triade athlétique féminine (Female Athlete Triad)

Reste que dans tout ça c'est important de se poser des questions. On fait du sport pour plusieurs raisons, dont être en santé. Trop de sport + alimentation insuffisante = tout sauf la santé.

Ça n'est pas limité aux femmes bien entendu mais pour nous, un dérèglement du cycle hormonal doit servir de signal d'alarme, tout comme une préoccupation excessive par rapport à notre poids/notre minceur.


Source : http://www.femaleathletetriad.org/for-athletes-coaches/what-is-the-triad/
Auparavant, on voyait la triade comme un ensemble de conséquences reliées à un ensemble cohésif de manifestations : l'entraînement excessif, la restriction calorique extrême, l'ostéoporose. On identifiait surtout les athlètes de haut niveau comme étant à risque de s'y prendre.

C'est un peu comme de dire qu'il n'y a d'anorexiques que parmi les top modèles. Maintenant, il est admis qu'il est plus utile de le voir comme un continuum dans lequel se situent différent degrés de troubles alimentaires, de troubles hormonaux et de perte de densité osseuse, qui peuvent survenir chez toutes les sportives. (Voir à ce sujet Papanek PE, The female athlete triad: an emerging role for physical therapy).

 Quels en sont les principaux facteurs de risque? D'après la Female Athlete Triad Coalition, ils sont :
  • Participer à un sport dans lequel il y a des pesées (ex. aviron, sports de combat, mais aussi course de grand fond, triathlon longue distance, même si la pesée n'affecte pas le classement)
  • Isolation sociale due à la pratique de l'activité (l'athlète passe tout son temps à l'entraînement)
  • Entraînement excessif (grand volume ou fréquence pour peu ou pas d'amélioration)
  • Pression interne ou externe à devoir performer à tout prix
  • Conséquences négatives au gain de poids perçues ou avérées
  • Entraîneurs (ou parents, ou conjoints) contrôlants
  • Être gymnaste, patineuse artistique, ballerine, coureuse de fond, nageuse, plongeuse, cycliste ou tout autre sport dans lequel une emphase est mise sur l'importance d'avoir un faible poids et peu de gras corporel.
Je me sais à risque alors je prends grand soin d'éliminer le plus possible les points sur lesquels je peux agir dans cette liste. La clé pour moi c'est de m'entourer de gens d'expérience qui ont du fun à faire ce qu'ils font. Ça semble tout simple et ça l'est en fait - de veiller à toujours pouvoir répondre "je fais tout ça parce que j'aime ça!" en toute honnêteté.

Mon devoir pour la semaine - lâcher l'idée de performance comme un but parce que c'est mon gros point douteux quand je me confronte à cette liste. Ça ne donne rien de toutes manières. Si j'ai du fun, tout le reste ne peut qu'être à la hauteur puisque je suis méthodique dans ma préparation.

En guise de conclusion, un podcast super intéressant avec Cassandra Forsythe, co-auteure de New Rules of Lifting for Women : ici
Une heure de bonbon si les questions de l'entraînement durant la grossesse, la triade athlétique, la "perfection au féminin" et autres sujets traités avec beaucoup de candeur. (tous les sujets et plus de détails ici)

4 commentaires:

  1. Et bien coudonc, moi aussi je suis à peu près dans le même bateau. J'essaie de maigrir, je m'entraîne intensément, je suis méga stressée et je ne suis plus menstruée depuis plusieurs mois. Pas facile d'être une fille des fois.

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  2. Tellement pas facile par bouts... Mais bon, je me dis, faire du sport c'est bien, surveiller son alimentation c'est bien. Le point de départ est bon. Le dérapage, il n'y a que moi qui peut le confirmer ou l'infirmer, alors quand j'ai une chance, une petite fenêtre qui s'ouvre pour me poser la question, j'en profite. Un bonsaï de doute ça ne croît pas trop anyway. ;)

    J'ai des dérapages anxieux à l'occasion, et c'est clair que dès que ça se pointe tous les squelettes veulent sortir du placard pour m'étrangler en même temps. C'est frustrant comme toute autre limite mais j'apprends avec le temps à voir ça comme "juste une limite".

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  3. Tout ça finalement c'est qu'une façon de gérer l'anxiété, quelle qu'elle soit et d'où qu'elle vienne. On gère en contrôllant tout ce que l'on peut comme ça on a l'impression qu'on a toutes les chances de notre côté pour éviter le pire, peu importe la situation qui nous cause cette anxiété. En période de fatigue (comme l'entraînement) c'est normal et fragile d'être plus stressé et anxieuse, la fatigue étant le pire ennemi du stress. Bref, long préambule pour dire de faire gaffe les filles. L'excès de santé est aussi mal que l'excès de mauvaises habitudes de vie. Quand on marche sur le fil, c'Est tant qu'à moi déjà un gros signal d'alarme. On préfère marcher sur quelque chose de plus large question d'avoir une marge de manoeuvre. Frôler le placard et l'ouvrir c'est comme jouer avec le feu, parfois on se brûle. Un pas en arrière, 2 devant, ça avance pas vite mais ça avance pareil.

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  4. EXACTEMENT. J'ai tardé à répondre parce que pour une raison mystérieuse ton commentaire ne s'affichait pas mais....EXACTEMENT. En fait le corps est pas mal bon pour s'en sortir dans l'excès de mauvaises habitudes mais en privation la marge de manoeuvre n'est pas là, je suis convaincue que l'excès de santé est pire et assimilable à l'anorexie, orthorexie si on veut (en fait je pense que le terme est maintenant médicalement admis? sais pas trop!).

    Puis pour parler de mes bibittes, c'est un mix explosif pour moi. Stress post-traumatique + obligation médicale de surveiller mon alimentation + j'aime ça, m'améliorer + etc. etc. ...ish. Je pense qu'il est sage pour moi d'entretenir un doute sur mes motifs, disons. La chair est faible. Hah!

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