lundi 30 août 2010

La trève

Ces jours-ci, quand je vois quelqu'un qui ne m'a pas vue depuis quelques semaines, c'est immanquable, on me complimente sur ma perte de poids (merci, en passant!).

Ça fait plus d'un an que j'ai pris conscience des ajustements à faire dans mon assiette et dans ma tête. Que j'ai décidé que c'est pas parce que j'étais vraiment hyper poche en éducation physique en 2ème année que ça doit marquer le reste de ma vie au fer rouge. 
 Ben voyons. C'est -clair- qu'au naturel Miss K c'est un hippopotame.

Ce qui me fait peur c'est ce qui suit souvent le compliment. Certains sont convaincus qu'ils n'y parviendraient pas avant même de réfléchir à un plan d'attaque. Il semble que maigrir soit associé soit à de grandes privations ou à des efforts physiques surhumains. De un, personne n'est bien après avoir trop mangé ou mal mangé. Manger correctement ça s'auto-récompense. Deuxièmement, il n'y a rien de tout ça qui puisse changer autrement que graduellement, ce qui fait que l'effort requis est minime mais la constance, elle, impérative.

Je vais courir un demi-marathon, je me sens mieux que jamais dans ma vie, mais ce qui semble compter pour la moyenne des gens c'est que je suis moins grasse. Ça me frustre et au bout de cette frustration il y a une colère sourde :  celle d'avoir été en guerre contre mon corps pendant très longtemps.

J'ai perdu près de 70lbs à ce jour. Je voudrais éviter de balancer des chiffres mais il semble que ce soit la seule chose qui cimente dans l'esprit des gens que je n'ai pas pris genre, 3 boîtes de thé magique et tadaaa! Disparition du bourrelet! 70lbs donc. On ne tient pas le cap tout ce temps sainement en se faisant violence. Mon défi principal était de ne pas haïr mon corps, de prendre patiemment une bonne décision à la fois et surtout de me convaincre qu'il n'y en aura pas, de résultat final, plutôt une progression chaque jour sans besoin ni envie de mettre le cap sur les crottes de fromage de manière durable.

On ne retrouve pas la santé à coup de violence. On la retrouve en se brandissant un drapeau blanc et en se roulant dedans aussi longtemps qu'il le faut pour ne pas se faire du mal avec des pensées négatives et des habitudes stupides. Puis bon, certains jours, ça ne marche pas, alors j'attends et je laisse le nuage passer.

Tous les jours, je vois des gens obèses se faire traiter comme de la merde parce que c'est si facile de juger sans avoir la moindre idée des circonstances de leur existence.

J'appelle à la trève. On va tous vivre jusqu'à en crever. En attendant, je tâche de lâcher un peu la superficialité et de prendre en même temps la pleine responsabilité de ma santé physique et mentale. Je déclare unilatéralement une trève avec mon corps parce qu'il me surprend tous les jours par sa résilience et sa capacité d'adaptation. Je souhaite à tous ceux qui sont en guerre contre le leur d'avoir l'occasion de se dépasser.

Que chaque jour apporte sa victoire!

jeudi 12 août 2010

la technique Pomodoro : le secret est dans la sauce?

Quand j'étais petite, on me répétait que d'être perfectionniste, c'est une grande qualité.

Vous en connaissez, des perfectionnistes vivables?

Pour moi doser est un véritable problème. J'ai une infinie patience pour les choses en marche, ce qui est une manière élégante de dire que je pourrais gosser à l'infini sur des niaiseries sans m'en porter plus mal. Jusqu'au moment où quelque chose me sort de ma transe, comme foncer dans un arbre alors qu'on le regardait. C'est 90% la peur de ne jamais aboutir qui m'empêche d'aboutir.

La vie est ainsi faite. On pourrait en parler des heures, reste que ça fait partie des choses que j'essaie de conquérir en ce moment.

Toujours est-il que ma gentille patronne (ça existe) m'arrive ce matin avec un truc un peu lunaire au premier abord. Toute excitée, elle me montre ceci sur son iPhone :


attack of the killer tomato
Oui, une tomate-à-rebours. 

Avant même que j'aie le temps de me dire encore une autre technique pour perdre du temps efficacement, moi, qui a échoué au 4 hour workweek, et qui trouve que Getting Things Done ça permet de faire tout sauf faire... Moi qui est plus agile dans la vraie vie qu'en développement agile, c'est-à-dire moins que le Grand Antonio, me voilà avec une tomate sur mon iPhone. Ding!

Le principe de base est de se fixer des buts puis de s'accorder un bon 25 minutes de concentration pour s'y attaquer. Ensuite, 5 minutes de pause - ce qui a tendance à faire défaut dans ma planification. On enchaîne.... et on avance. C'est un peu plus élaboré que ça bien entendu : le livre est disponible ici gratuitement.


Je suis enthousiasmée par cette technique parce qu'elle fait place à de brèves pauses qui sont vraiment utiles pour les tapeux de clavier de mon acabit, ne serait-ce que pour se vider les yeux de l'écran un peu. Chaque période de concentration se voit récompensée, et bien que j'ai tendance à utiliser Freud partout pour expliquer ce qui fonctionne ou non dans ma vie, on va sortir Pavlov pour cette fois-ci.

Arf.

Buffet propret de chez Lush

C'est important de se gâter à la hauteur des efforts qu'on fournit pour se relancer la balle un peu et de faire que le temps libre soit vraiment libre. Tant que c'est une décadence propre, ça met de la vie dans la vie et ça, on n'en a jamais trop.

lundi 2 août 2010

l'épilepsie

Je voudrais faire de ce billet une histoire enlevante de mes péripéties médicales, mais le récit est plutôt commun. Après une période marquée par de mystérieuses pertes de conscience, mon médecin de famille m'envoie voir une batterie de spécialistes. Le neurologue a gagné à la loterie des bibites, et m'a trouvé des ondes cérébrales suspectes. Entrée dans son bureau patiente, j'en sors épileptique.

Ça change quoi? Je me le demande certains jours, parce que mon malaise est somme tout discret. On décrit l'épilepsie du lobe temporal ainsi :
L'épilepsie du lobe temporal (TLE) est la forme d'épilepsie à crises partielles la plus fréquente. Ces crises s'accompagnent le plus souvent d'auras. L'épilepsie du lobe temporal commence souvent dès l'enfance et peut endommager l'hippocampe, la structure cérébrale responsable de la mémoire et de l'apprentissage, au fil du temps. Il est donc important de traiter ce genre d'épilepsie le plus tôt et le plus efficacement possible. (source ici)
 Les auras, c'est pas une histoire de turban mais bien un genre d'impression étrange annonciatrice de problèmes à venir. Je pense que c'est à cause de la minute du Patrimoine sur Walter Penfield, on s'imagine toujours que je sens des toasts brûlées imaginaires... Reste que c'est le principe de base (je sens un genre d'odeur de chlore mélangé à des fraises, très difficile à décrire. Dr. Süskind au confessional SVP, Dr. Süskind!).

J'en parle ici parce que j'en suis au point où je ne veux plus cacher tout ça. J'en parlais du bout des lèvres pendant longtemps parce que c'est associé à tellement d'aspects négatifs : les épileptiques seraient à en coire les préjugés des gens possédés, ils ont un mauvais caractère, ils sont grandiloquents, sans humour, obsessifs, visqueux et dépendants ET on ne peut rien leur confier parce qu'ils risquent de faire une crise et d'incendier un quartier entier accidentellement. (J'exagère à peine. Grandiloquence? Pfff.) Je ne suis pas parfaite, mais c'est un peu comme lire l'horoscope, tout le monde peut s'y retrouver un peu... On a tous nos petits travers, acquis ou innés. Je veux posséder le mien au lieu de le subir, et ceci est un pas dans cette direction.

Avant de me rendre compte que l'épilepsie mine ma confiance en moi, je faisais beaucoup de choses dans le but de me prouver qu'on peut être épileptique et sportive, productive, active. J'oubliais d'en profiter et je ne partageais pas l'expérience par honte de ne pas être faite de viande humaine 100% Qualité A1 sans défaut aucun et par peur d'être la madame qui chiale tout le temps sur sa santé. Je change d'approche. J'aimerais contribuer à la recherche autrement qu'avec mon cerveau dans un bocal après mon trépas et je me dis que ça commence par parler de la maladie autour de moi. :)