dimanche 20 février 2011

Demi hypothermique - à la mode Jules César.

Tout d'abord, un petit tour sur wikipédia, où on trouve une entrée fascinante sur l'hiver québécois. Ça met les choses en contexte quand je dis qu'il faisait beau et chaud. ;)

 Le vent était de la partie et ma cheville était inconfortable au lever (3/10 sur l'échelle de c'est une mauvaise idée de courir). Mais comme je m'étais dit que je passerais au moins la ligne de départ... VENI!

La première règle de la course à pied : you gotta show up. (Je ne sais pas pourquoi j'ai le doigt en l'air, mais ça tombe bien!)
Normalement, quand le coup de départ est donné, j'ai un bon jet d'adrénaline qui me fait oublier les 5 premiers kilomètres. Pas ce coup-ci. Le parcours débutait avec une descente glacée.  Ça m'a anesthésiée un peu disons. J'avais mes crampons, mais je peinais à tenir mon rythme voulu même avec ça.

Ça s'est gâté une fois sur le Circuit Gilles-Villeneuve, parce qu'on dirait que même quand mes crampons passaient dans la glace, ils n'avaient que très peu de traction à cause de la divine asphalte lisse du circuit de F1. Je dis divine parce que temple sacré de l'automobile qu'il est, l'épandage d'abrasifs n'y est pas permis.


Rien à signaler du premier tour sauf le fait qu'il était clair pour moi que ma cheville rechignait dès que je poussais la cadence un peu. Je souffrais au 5ème kilomètre. J'ai alors officiellement décidé de casser le rythme et de prendre le demi comme une course du dimanche. C'est bien beau les épreuves, et les roux sont peut-être plus douillets que la moyenne, mais il demeure que j'ai envie de faire un bon preier marathon et pour ça, il faut que je sois sur mes deux pieds.

7km - je suis de bonne humeur et mon linge est 3 tailles trop grand.
Deuxième tour : je ne fais que me répéter ma routine de danse moderne pour la course à pied - mon tronc est-il bien solide, le mouvement des bras efficace, la respiration facile, le genou au-dessus du pied qui est au-dessus de la hanche qui supporte le tronc - est-il solide? Ad nauseam. En regardant les photos que mon paparazzi préféré a croquées (<3!) ce n'est que trop clair que je lançais mes jambes beaucoup trop vers l'intérieur avant même d'être à mi-parcours. Je compensais pour la douleur efficacement mais ça ne donne pas une foulée trop efficace.

J'ai fait un petit test au 10ème kilomètre : rien à faire, pas capable d'aller plus vite que 6:35/km sans avoir mal. Je ne parle pas de douleurs attendues dans les muscles, j'allais vraiment trop lentement pour même commencer à sentir la fatigue s'installer... Plus comme des petites aiguilles dans la face interne de ma jambe gauche à chaque fois que je me donnais un peu de vitesse.

Durant tout le 2ème tour, j'ai agrippé la semelle de deux coureurs qui me semblaient sympathiques : un prof d'une trentaine d'années et son mentor de course dans la quarantaine. Le second, ultramarathonien, qui lui racontait toutes sortes d'histoires sur ses courses passées. Leur conversation était intéressante, leur rythme était bon pour moi, j'ai tendu l'oreille.  Je n'ai pas jasé par contre parce qu'au km 12, un mal de tête a commencé à me déranger.

C'est là que j'ai réalisé que je n'avais encore rien bu. Complètement oublié de boire - c'est plus facile pour moi de penser à boire quand je suis haletante, on dirait. Trainer autant de trucs sur ma ceinture et parvenir à oublier que je la porte, c'est peut-être une bonne indication qu'elle est confortable mais, pas impressionnée disons.

J'ai essayé de reprendre le temps perdu mais ça ne fonctionne pas comme ça. 500m plus tard environ, pause-pipi, couleur café, que je n'aime pas ta couleur, café. n'en déplaise à Gainsbourg. Disons qu'après le vent, la douleur, c'était une mauvaise surprise et mon moment VIDI de la course.  Je comprends cet épisode plus ou moins parce que ça ne m'est jamais arrivé de ne pas avoir soif ou faim dans une course et parce que j'étais vraiment très bien hydratée avant le départ. Mais bon, une pelure d'oignon de trop peut-être. J'ai perdu environ 3kg d'eau en 21km. :O

À ce point-ci je me disais que j'aurais un bon 2km à marcher avant de pouvoir vraiment arrêter, alors pourquoi ne pas me rendre au 14km avant de décider officiellement de lâcher - c'est plus près du vestiaire. Mais le liquide s'est mis à passer  et je me sentais pas mal mieux alors, pourquoi ne pas finir?

Et de deux - drôle de foulée mais je vous garantis que mon pied est toujours rattaché à ma jambe.


Le dernier tour était un peu plus lent. Je voulais seulement finir en bas de 2h35 à ce point-là. J'ai fait 5x 900m + 100m marche, pour finir les 2 derniers en courant. Ça devait être hyper gossant pour les coureurs que je dépassais pour ensuite laisser me dépasser mais quand mon estomac décide qu'il n'y a rien qui va passer et qu'il menace de renvoyer la marchandise, c'est la seule méthode que je connais pour que ce moment désagréable passe.

Je sonne comme si tout était une sinécure : ce n'est pas le cas, j'ai eu beaucoup de plaisir! Mais ce n'était pas «ma course».

Reste que toute course qui se respecte mérite son petit déficit d'oxygène à la fin :

AAAAAAAH! Notez l'amusement du petit couple derrière.

AAAAAAAH!

Et hop! VICI!
Merci à Frédéric, meilleur paparazzi/cheerleader/cuisinier personnel/masseur/psychiatre du monde entier, à Pat qui s'est offert généreusement pour me remplacer au boulot, aux athlètes sur dailymile/twitter pour leur généreuse dose de motivation, aux amis et à la famille qui m'encouragent même quand je bougonne.
Genre de merci corporatif à nuun, qui font des électrolytes à boire sans gluten sans lesquels j'aurais probablement passé un très mauvais quart d'heure!


What next? Je ne sais pas encore. Je n'ai aucune inscription sauf pour le marathon de Montréal à l'heure actuelle. Je veux faire le triathlon de Verdun aussi. Sinon je pense que j'en aurai plein les bras simplement avec l'entraînement! :)

6 commentaires:

  1. Wow!!! BRAVO Denki!!! Ton récit super-sympatique m'a fait vivre ta course en direct!!! Félicitations!! Clap! Clap! Clap!!! Malgré des conditions affreuses tu as su t'amuser et faire une belle course!!! (Qu'est-ce que tu feras au Marathon de Montreal???) Maintenant, chouchoute tes jambes!!! Encore bravo!!! J'espère vraiment te croiser sur une course éventuellement!

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  2. Super récit, bien illustré. Malgré les difficultés, tu as su trouver un moyen d'en faire une expérience qui en vallait la peine. Chapeau!

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  3. fantastique, tu as eu un courage héroïque de tenir jusqu'au bout, de rechercher les forces au fond de toi pour terminer cette course, beau récit !
    bon rétablissement maintenant

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  4. Superbe conteuse... beau photo reportage et comme je t'ai dis sur Daily Mile... fantastique sens de l'humour!

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  5. YAY DENKIBOT ! :) Félicitation pour avoir tenu jusqu'à la fin.

    Hugs!
    Karine

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  6. :) Vous êtes super gentils, merci merci! :D

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