jeudi 14 octobre 2010

Se commettre.

Plusieurs semaines se sont écoulées depuis mon annonce de trève. Depuis, un demi-marathon sous la ceinture, j'ai quelques réflexions qui me chatouillent. Ce billet en est un que j'ai écrit dix mille fois dans ma tête sans jamais me rendre au clavier d'ailleurs. Pourquoi tant de réserve? Parce que la suite exige que je me commette.


Au début de l'année, je participais à un événement du ministère du Développement économique, innovation et exportation, le Salon des TIC. J'y présentais les productions de la compagnie pour laquelle j'ai la chance de travailler. Je vous épargne les liens, ce n'est pas le sujet de ceci. Donc, salon corporatif, tout le monde est habillé en gris-bleu devant des kiosques gris-bleu sauf moi et une stagiaire en communication formidable qui tenions le fort. Je détonne comme d'habitude mais disons que c'est plus criant qu'à l'habitude. M'enfin. Ce n'est pas une mauvaise chose car notre kiosque suscite beaucoup d'intérêt. J'aime rencontrer des gens, j'aime ce genre d'événements, mais ce n'est rien qui ne vienne me chercher à grands renforts de mains dans les tripes habituellement.

Mais voilà que les gentils organisateurs du salon ont embauché Pierre Lavoie comme conférencier pour animer un dîner, présidant sur une assemblée de tables de 8 qui ne se connaissent pas réseauter (en n'écoutant pas la conférence?). Pierre Lavoie, conférencier, donc. En sa qualité de motivateur j'imagine, mais en sa qualité d'être humain par défaut. Pierre raconte tout : de sa sédentarité passée à toutes les épreuves personnelles qu'il a traversées et à son combat pour faire avancer la recherche sur les maladies orphelines.

J'ai braillé comme une Madeleine avec autant de discrétion que possible, mais ça ne devait pas être très discret. 

Je pourrais consacrer des heures à analyser de quelle manière son intervention m'a touchée. Reste qu'une partie en particulier rejoint ma pensée aujourd'hui, celle où il entretenait l'assemblée sur la crédibilité, sur le passage obligé de se bâtir une crédibilité pour ensuite plonger, foncer, se commettre. Dans son cas, aller à Kona pour se dépasser, c'est une chose. Annoncer qu'on y finira dans les X premiers, c'est passablement plus susceptible de foutre la trouille.

Alors voilà. Je n'ai écrit que très peu sur mon demi-marathon parce que j'ai la trouille. J'ai fait 2h16.  Je visais 2h15 dans mes plus grands rêves alors pourquoi s'emmerder avec la minute de plus ? Surtout que je l'ai passée dans une toilette portative, la minute de plus. Parce que je sais que je peux faire mieux et je sais que je veux faire mieux, et je sais que je vais faire mieux.  Mais en l'annonçant, je me commets.

Et si ce n'était que de la course, ça ne serait pas si mal. Mon sport c'est le vélo, la course, c'est une manière pour moi de me tester plus fort, mais il n'y a pas que ces deux amants.  Il y a la nage aussi. On me dira, ben ça sent le triathlon non?

Mais c'est que je suis à chier en piscine.
Pas que je déborde de talent en vélo ou à pieds, mais en piscine, je suis à chier. Pourquoi? Parce que je stresse dans l'eau, je me mets à nager tout croche, 200m et je cherche mon souffle qui, invariablement, est là où je ne l'ai pas pris. Je nage sans grâce parce que j'ai toujours voulu nager bien et vite. Je nage sans grâce parce que j'ai longtemps nagé pour tout le monde sauf moi.  Pour montrer que je suis capable, que je ne suis pas juste un goon au water-polo mais que je peux transposer sans effort mon endurance gagnée ailleurs.

Ce qui, vous l'avez deviné, ne fonctionne pas comme ça.


Alors voilà. Je me commets. Je suis à chier en piscine, mais je veux faire mieux. J'ai couru mon demi au rythme matante, mais je veux en courir un plus rapide, et courir le double en 2011. Je rêve de faire un Ironman, et pire que ça, quand je suis allée à Kona il y a quelques années, j'ai fait le voeu d'y prendre le départ pour le Ironman un jour. Pourquoi? Parce que ça me ressemble terriblement et pas du tout à la fois.


Ça fait que c'est ça. Je viens de me commettre.

On m'a déjà dit que c'est la partie la plus difficile à survivre.

2 commentaires:

  1. Que chaque jour apporte sa victoire!

    Que c'est donc vrai! Toutes, vous êtes inspirantes et magnifiques (Toi, Maman Maratonnienne,Jamfil,TriGirl, Sur La Pointe, Véro .. et les autres.) Je vous dis Bravo parce que c'est pas facile!

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  2. Tu me jettes par terre avec ton compliment, merci! :)

    C'est pas facile mais tout est plus facile pour moi avec la constance parce que ça met plein de beau sur la route en avant. Pis bon, la constance, c'est pas 100% de notre contrôle malheureusement :/.

    À mon travail il y a une phrase sur une fenêtre qui dit : “What lies behind us and what lies before us are tiny matters compared to what lies within us.” -R.W. Emerson. Quand ça va bien je la trouve un peu pompeuse mais quand ça va plus un jour à la fois comme ces temps-ci, ça fait vraiment la job. :)

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